Il est des albums qui démontrent que la bande dessinée peut être autre chose qu'un art mineur. Ambre et Lionel Tran, deux jeunes créateurs lyonnais, proposent le Journal d'un Loser, récit sensible et intelligent, portrait d'une génération de trentenaires qui, broyés par les années quatre-vingt, peinent aujourd'hui à recoller leurs morceaux. Dans leur approche documentaire, les auteurs, influencés par le travail du cinéaste Raymond Depardon […]choisissent de restituer le réel plutôt que de le raconter. […] Ambre et Lionel Tran réussissent, par l'économie des éléments narratifs et un graphisme dépouillé, une incursion passionnante dans l'intimité d'une personnalité complexe. L'écriture élégante, le sens du dialogue et le dessin superbe composent un camaïeu subtil d'émotions et de sentiments auquel on peut difficilement demeurer insensible. Johan
Scipion |
[…] il y a bien plus que la noirceur apparente dans ce journal, il nous aide en quelque sorte à vivre avec nos propres angoisses… Les superbes dessins à l'acrylique et à la plume d'Ambre servent parfaitement les textes de Lionel Tran. La photographie est également utilisée. Lionel tran […] nous prouve que la bande dessinée est un média approprié pour des récits autobiographiques […], qu'il apporte autre chose que le roman. […] Jean-Marc
Sache |
[…] Le graphisme noir délavé où les visages sont souvent méconnaissables donne une répartie visuelle parfaite au récit et traduit avec justesse le mal être du narrateur. Même s'il n'en est pas vraiment un, cet album s'iscrit dans cette veine de récits autobiographiques qui deviennent soudain des regards d'artiste, où l'apitoiement sur soi-même réussit à se muer en moteur de création. […] X.G.
|
[…] Dans le Journal d'un Loser, il nous paraît que deux temps s'opposent, celui du doute et de l'angoisse et celui de l'apaisement. Le premier occupe les trois quart des 125 pages et justifie le titre. C'est le temps des ratages, des apories, celui où les jours répètent la désespérante routine d'une vie sans éclats qui contient tous les indices de l'échec inéluctable. Cette sensation qui nimbe les pages, cette ambiance, sont évidemment suggérées par les splendides images à l'acrylique de Ambre, plombées de noir, de gris sombre qui outrent les modelés de visages figés sur de tristes sourires, ses mises en pages signifiantes où de longues cases verticales épousent les coulures de peinture, qui suggèrent chutes vertigineuses et noyades. […] Sans que cela soit systématique, quelques pages où les auteurs font le point sur l'état d'avancement du Journal d'un Loser viennent s'intercaler entre deux scènes, ce qui nous permet de comprendre que le doute provient de l'objet même dans lequel il s'exprime : cette bande dessinée que les deux amis sont en train de concevoir. […] Ce dont les auteurs prennent conscience, c'est que malgré leur impuissance à trouver un sens à cette bande dessinée, ils sont parvenus à la conduire presque à son terme, en respectant leur intention de transcrire le monde tel qu'il est, de se montrer objectif tout en confiant à la forme de l'expression toute la part de subjectivité. Cette constatation correspond au second temps de l'ouvrage, celui de l'apaisement, celui où durant quelques pages le soleil brille à nouveau, où l'on porte un toast à la vie «à la vie ? pourquoi pas ?!» et où l'optimisme se pare d'une blancheur aveuglante. […] Jean-Philippe
Martin |
Ce
livre n'est pas un journal intime, il est plutôt la chronique (lyonnaise)
d'une génération, celle qui, il y a une dizaine d'années, était qualifiée
de « bof » ou de « X ». (1)
En apparence, i.e. comme en témoignent les photos et les films. Jessie
Bi |